Adieu la fosse
Je ne suis plus gosse!
Adieu la cave
Dont j'étais esclave!
Adieu la cage
Tu n'es plus pour mon age!
Je me prépare au sevrage
Et à l'ultime décollage!
Adieu la folie
De plusieurs décennies!
Tu étais la tombe de mon existence,
La source de ma faiblesse et ma puissance,
Le berceau de ma vieillesse et mon enfance,
La cause de mon allégresse et mes souffrances,
Le mobile de ma sagesse et ma démence.
Assis sur un canapé,
Je fuyais le mirage pour l'attraper,
bâtissant des châteaux de sable,
Projetant des rêves irréalisables.
J'y passais des heures durant,
Pensif,muet ou bruyant,
Avec ma silhouette dialoguant:
-Qui suis-je?
-Ou suis-je?
-Un ange dans une cage?
-Un démon dans les nuages?
-C'est la réalité ou un songe?
De temps à autre un éclat de rires,
Une injure ou un rot moqueur,
De ce monde artificiel,me retirent,
Abruti d'insomnie et de liqueurs.
Je me rendus compte alors
Que je dégustais toujours
Un biberon plein de mousse
Dont l'aigreur me parait douce.
Mes tétées aiguisaient l'appétit,
Et ma faim n'a jamais été assouvie.
Souvent la nausée me surprit
Avant que l'estomac soit garni.
Je prenais mon médicament,
Qui n'est,en réalité,que poison
Qui me faisait perdre la raison
Et la notion du temps.
Combien de semaines sans samedis!
Combien de jours sans midis!
Le seul moyen de m'en repérer
Etait le nombre de tournées
Ou de billets gaspillés.
Les cadavres,devant moi,s'entassaient
Sans que j'osais dire :"assez!".
Quand je fus conscient de mon péché,
Ma gorge fut,de remords,asséchée.
Je m'assemblais avec mes semblables
Autour de la même table:
Une bande d'adultes-bébés,
Vicieux et entêtés
Qui fuyaient la réalité
Réfugiant dans le gouffre de l'ébriété.
D'abord on se saluait,se serrait la main
Plus tard c'est la bagarre et les coups de poing.
Dans un coin,on ânonnait une chanson,
D'autres,plus loin,criaient en dansant.
Ce brouhaha démesuré,
Etait ma musique préférée.
A une heure de nuit tardive,
Je guettais la première occasion
Pour exécuter la tentative
De ma quotidienne évasion.
Je sortais de ma prison ahuri
Les chiens huaient ma connerie.
Sur le trottoir,je chancelais
Les autres,chez eux,somnolaient.
Je me croisais avec des clochards
Qui,comme moi,vivaient le même cauchemar.
Le lendemain matin,
Guidé par mon vil instinct,
Je me pressais sur le chemin
Afin d'arriver le premier
Chez mon adorable geôlier
Et redevenir prisonnier.
Je ne suis plus gosse!
Adieu la cave
Dont j'étais esclave!
Adieu la cage
Tu n'es plus pour mon age!
Je me prépare au sevrage
Et à l'ultime décollage!
Adieu la folie
De plusieurs décennies!
Tu étais la tombe de mon existence,
La source de ma faiblesse et ma puissance,
Le berceau de ma vieillesse et mon enfance,
La cause de mon allégresse et mes souffrances,
Le mobile de ma sagesse et ma démence.
Assis sur un canapé,
Je fuyais le mirage pour l'attraper,
bâtissant des châteaux de sable,
Projetant des rêves irréalisables.
J'y passais des heures durant,
Pensif,muet ou bruyant,
Avec ma silhouette dialoguant:
-Qui suis-je?
-Ou suis-je?
-Un ange dans une cage?
-Un démon dans les nuages?
-C'est la réalité ou un songe?
De temps à autre un éclat de rires,
Une injure ou un rot moqueur,
De ce monde artificiel,me retirent,
Abruti d'insomnie et de liqueurs.
Je me rendus compte alors
Que je dégustais toujours
Un biberon plein de mousse
Dont l'aigreur me parait douce.
Mes tétées aiguisaient l'appétit,
Et ma faim n'a jamais été assouvie.
Souvent la nausée me surprit
Avant que l'estomac soit garni.
Je prenais mon médicament,
Qui n'est,en réalité,que poison
Qui me faisait perdre la raison
Et la notion du temps.
Combien de semaines sans samedis!
Combien de jours sans midis!
Le seul moyen de m'en repérer
Etait le nombre de tournées
Ou de billets gaspillés.
Les cadavres,devant moi,s'entassaient
Sans que j'osais dire :"assez!".
Quand je fus conscient de mon péché,
Ma gorge fut,de remords,asséchée.
Je m'assemblais avec mes semblables
Autour de la même table:
Une bande d'adultes-bébés,
Vicieux et entêtés
Qui fuyaient la réalité
Réfugiant dans le gouffre de l'ébriété.
D'abord on se saluait,se serrait la main
Plus tard c'est la bagarre et les coups de poing.
Dans un coin,on ânonnait une chanson,
D'autres,plus loin,criaient en dansant.
Ce brouhaha démesuré,
Etait ma musique préférée.
A une heure de nuit tardive,
Je guettais la première occasion
Pour exécuter la tentative
De ma quotidienne évasion.
Je sortais de ma prison ahuri
Les chiens huaient ma connerie.
Sur le trottoir,je chancelais
Les autres,chez eux,somnolaient.
Je me croisais avec des clochards
Qui,comme moi,vivaient le même cauchemar.
Le lendemain matin,
Guidé par mon vil instinct,
Je me pressais sur le chemin
Afin d'arriver le premier
Chez mon adorable geôlier
Et redevenir prisonnier.